Un palmarès qui ne sert qu’à faire peur
31 octobre 2016
Un palmarès qui ne sert qu’à faire peur
À quelques jours de l’Halloween, l’Institut Fraser et certains médias québécois ont publié une fois de plus leur fameux palmarès des écoles secondaires, question de faire peur aux parents du Québec.
La comparaison est on ne peut plus appropriée, car cet outil n’est pas plus à prendre au sérieux que les peurs que se font les enfants le 31 octobre. En effet, ce palmarès s’appuie sur un seul critère pour classer les écoles, soit les résultats scolaires des élèves, qu’on nous brandit comme un épouvantail pour nous effrayer. C’est nettement insuffisant pour avoir un portrait juste de la situation.
Un exercice aux nombreuses lacunes
Comparer les écoles sur cette seule base est très révélateur du peu de sérieux des auteurs du bulletin et des médias qui lui prêtent foi. Il ne révèle rien sur la qualité de l’enseignement dans les établissements concernés publics et privés.
La démarche suivie présente de sérieuses lacunes. Ainsi, elle ne tient pas compte du nombre d’élèves ayant des besoins particuliers dans les écoles privées. Elle ignore également le milieu socioéconomique des écoles.
En fait, ce palmarès brosse un portrait beaucoup trop partiel de notre système d’éducation comme si la réussite se réduisait à la seule obtention de notes et de diplômes. L’éducation, c’est beaucoup plus que cela : c’est un milieu qui permet aux jeunes de développer leurs aptitudes, de découvrir leur potentiel et d’approfondir leurs intérêts. Cela, le bulletin n’en tient pas compte.
Des effets démobilisateurs
Ce palmarès mérite d’être dénoncé à cause de son manque flagrant de rigueur. Il faut le dénoncer avec encore plus de force parce qu’il démobilise les élèves, leurs parents, ainsi que le personnel des écoles se trouvant en queue de peloton. Cet exercice ne rend pas service à l’éducation. Au contraire, il encourage exactement ce que nous ne voulons pas pour nos écoles, c’est-à-dire le règne d’une concurrence malsaine au détriment du bien-être et de l’intérêt des élèves.
En fait, les promoteurs de ce palmarès se comportent en apprentis sorciers; ils ont la pensée magique que la réussite éducative se résume à un simple classement de résultats scolaires, sans aucune mise en contexte. Après des centaines de millions de dollars de coupes et de compressions, nos écoles au Québec n’ont surtout pas besoin d’une pareille chasse aux sorcières qui les opposent les unes aux autres.
Ce dont l’éducation a besoin
Elles ont plutôt besoin qu’on fasse de l’éducation notre priorité, qu’on valorise le travail du personnel et qu’on encourage les élèves dans l’ensemble de nos établissements.
Stéphane Lapointe, président
Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ)