Des critères d’évaluation abaissés pour réduire les échecs
1 mars 2022
Lourdes conséquences de la COVID-19 dans les établissements d’enseignement privés
Montréal, le 1er mars 2022. – La COVID-19 et ses conséquences pèsent lourd sur les élèves des établissements d’enseignement privés alors qu’un sondage réalisé par la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ) révèle que leur réussite inquiète un nombre élevé d’enseignantes et d’enseignants.
Ainsi, on y apprend que pas moins du tiers des enseignantes et enseignants, soit 31 % des personnes répondantes, ont dû revoir à la baisse les critères dans leurs grilles de correction ou abaisser leurs propres exigences de réussite envers leurs élèves pour s’ajuster à la réalité et éviter un nombre trop élevé d’échecs. Plusieurs soutiennent avoir dû retirer de leurs examens les questions les plus difficiles et rendre le tout plus simple pour faciliter la réussite des élèves.
Un écart qui se creuse entre les forts et les faibles
Une autre question du sondage est également fort révélatrice : plus de 60 % des personnes répondantes estiment que les absences des élèves en raison de la COVID-19 ont entraîné des conséquences sur leur réussite. Plusieurs précisent que l’enseignement à distance a également eu des impacts sur l’apprentissage des élèves. Au bilan, les enseignantes et les enseignants interrogés déplorent que l’écart entre les élèves les plus forts et les plus faibles s’est creusé significativement au cours de la crise sanitaire.
Cette situation a pour effet direct d’augmenter la charge de travail déjà lourde du personnel enseignant, qui doit assurer un suivi plus individualisé auprès des élèves.
Des chances de réussite moins élevées
Les enseignantes et les enseignants interrogés manifestent d’ailleurs beaucoup d’inquiétude quant aux chances de réussite de leurs élèves pour la présente année scolaire. Près d’une répondante ou d’un répondant sur deux, soit 48 %, craint qu’ils ne puissent pas atteindre les cibles de réussite fixées d’ici la fin de l’année scolaire.
Parmi les enseignantes et les enseignants inquiets, certaines et certains reconnaissent qu’ils ne sont pas fiers de voir diminuer leurs critères d’évaluation pour avoir moins d’élèves en difficulté, s’inquiétant qu’ils obtiennent la note de passage sans avoir fait tous les apprentissages nécessaires.
La consultation a été menée auprès de 335 enseignantes et enseignants travaillant dans 26 établissements d’enseignement privés établis dans différentes régions du Québec. La préparation du bulletin de février 2022 s’avérait une excellente occasion pour faire le point sur les impacts de la pandémie sur l’apprentissage des élèves. Il n’y aura pas de magie, il faudra du temps. Du temps pour s’assurer qu’il n’y ait pas de décalage entre le rythme souhaité pour rattraper les apprentissages de base et la capacité des élèves à les suivre. Et, également, il est nécessaire de dégager du temps pour que le personnel enseignant puisse relever ce défi dans les prochaines années en ayant le soutien et la confiance de la part des directions des établissements privés.
Citations :
« Les enseignantes et les enseignants ont besoin de ressources supplémentaires pour répondre aux nombreux besoins des élèves, notamment par l’embauche de personnels professionnel et de soutien. La santé éducative des élèves, il faut s’en préoccuper en donnant le maximum de ressources et de temps au personnel de l’éducation. » – Stéphane Lapointe, président de la FPEP-CSQ
« On revient à la normale d’un point de vue sanitaire, mais d’un point de vue de la réussite éducative, ce n’est pas normal! Le retour en présentiel ne règle pas tout. On doit porter un regard attentif sur les retards scolaires dans nos milieux et prendre conscience que la pandémie aura des effets sur plusieurs années. » – Marie-Josée Dallaire, vice-présidente de la FPEP-CSQ