16 octobre 2019

Même si le projet de loi sur la gouvernance scolaire ne concerne pas directement les établissements d’enseignement privé, la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ) tient à exprimer sa profonde inquiétude quant à l’insertion sournoise, dans le projet de loi, de quelques principes ressemblant étrangement à ceux d’un ordre professionnel.
En effet, avec l’ajout de l’obligation de formation continue, de son contrôle et, même, de sanctions possibles, on est en droit de s’interroger sur les réelles intentions du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge.
Qu’il ouvre la porte au contrôle de la formation reçue allant jusqu’à pouvoir sanctionner celles et ceux qui auraient manqué à leur obligation est exagéré, inutile et injustifié, en plus de ne pas tenir compte de la réalité.
Le personnel enseignant participe déjà à des activités de formation continue de façon régulière. Ça, c‘est la réalité. La pression à l’innovation constante entraîne son lot de contenus orientés vers le développement de pratiques issues du marketing en éducation. Est-ce vraiment ce qui est souhaité?
Une atteinte à l’autonomie professionnelle
Les enseignantes et enseignants ont toute la compétence nécessaire pour déterminer eux-mêmes leurs choix de formation. Cela fait partie de leur autonomie professionnelle. Les enseignantes et enseignants des écoles privées veulent des formations qui répondent réellement à leurs besoins pour faire davantage réussir leurs élèves.
Ils se plaignent de se voir refuser l’accès à certaines activités de formations, de voir apparaître des contenus imposés par les directions d’écoles pour pallier au manque de ressources et d’avoir des offres pas toujours pertinentes ou mal adaptées aux réalités de leurs classes… À quand un réel soutien? Ce n’est certainement pas en les sanctionnant qu’on améliorera la pratique enseignante.
D’autant plus, qu’il n’est pas précisé à quelles formes de sanctions le ministre fait référence. La menace plane.
Ce que devrait savoir le ministre Jean-François Roberge, lui-même un enseignant, c’est que les enseignantes et enseignants ont besoin de plus de temps dégagé et reconnu pour leur développement professionnel. Prévoit-on de libérer du temps de qualité pour la formation continue? Ou mise-t-on sur le fait qu’un « bon enseignant » se formera le soir, la fin de semaine ou lors de ses congés?  La tâche du personnel enseignant est déjà trop lourde et il ne faudrait surtout pas donner l’occasion de la rendre encore plus difficile en leur ajoutant une imputabilité difficile à satisfaire.
Une approche plus utile
Si le ministre de l’Éducation veut vraiment favoriser la formation continue chez les enseignantes et enseignants, qu’il prenne les moyens pour qu’ils soient consultés et qu’ils disposent de temps à cette fin. Le ministre doit s’assurer que les établissements aient le budget nécessaire afin de répondre aux besoins de ces femmes et de ces hommes qui œuvrent quotidiennement auprès de nos élèves. Cela sera beaucoup plus utile et respectera leur autonomie professionnelle.
Par Stéphane Lapointe, président